Produire et teinter ses asticots
Avant toute chose
Il faut que je vous avoue que j'ai hésité à l'écrire cette page et ce, pour deux raisons, la première, c'est que j'aime bien les pêcheurs et que je préfère que leur ménage reste en paix et la seconde parce que ça fait longtemps (très longtemps) que je n'ai pas produit - volontairement - des asticots.
Mais (1.) il doit bien y avoir des pêcheurs célibataires ou avec un·e conjoint·e lui·elle-même pêch·eur·euse et (2.) je me souviens parfaitement encore comment faire ses asticots.
Précautions d'usage
Il y a des inconvénients à faire des asticots-maison. L'odeur incommodante que ça dégage parfois, l'attention que ça demande et l'attirance de certaines vermines pour la viande en décomposition (oiseaux compris)
Il faudra donc, de préférence, faire ça à l'écart des habitations et à l'abri des rats, belettes, chats, ...
Pour ma part, le récipient que j'utilisais était enfermé dans une sorte de coffre en structure en bois dont le couvercle était verrouillable et le contours formé d'un grillage doublé à maille carrée.
Une autre solution consiste à enfermer son récipient de production dans un conteneur à croquettes pour chien dont on a percé le couvercle de trous d'aération. Ces conteneurs possèdent soit un couvercle extrêmement hermétique et par là-même difficile à ouvrir ou un système de fermeture par poignée de sécurité
Matériel nécessaire:
1 seau avec couvercle que vous aurez percé de 2 trous (ronds ou carrés) de 15 mm à 20 mm dans le couvercle, proches du centre mais distants de 2 cm. Une friterie ou un snack se fera un plaisir de se débarrasser d'un seau de sauce, dont les couvercles sont aussi récalcitrant à ouvrir qu'il sont hermétiques. En général, une fraise étagée fera l'affaire pour les trous, sinon, un cutter servira à faire les trous carrés, le couvercle bien à plat sur une planche.
1 tamis à asticots
1 seau adapté pour recevoir le tamis
Des flocons d'avoine (de préférence) ou de la sciure de bois
De la farine de maïs
Du tape cache à peinture large
Des feuilles de papier-journal (pas de papier glacé)
Des élastiques
Entre 200 et 300 grammes de viande crue fraîche ou tout juste périmée: ma préférence, le poulet 1 ou 2 blanc·s ou la poitrine (ou une cuisse dodue) ou des morceaux de poisson
Des gants
Des fleurs (pour votre conjoint·e, parfois, ça aide)
Allons-y
►Si dans une étape de la procédure, vous devez ouvrir le couvercle, n'oubliez surtout pas de le refermer dès l'action terminée.
►A partir du moment où vous avez des asticots, vérifiez régulièrement qu'ils ne peuvent pas grimper les parois. Si c'est le cas, ajoutez des flocons d'avoine ou de la sciure. Ici, l'option du conteneur à croquettes offre une sécurité supplémentaire.
►Mettez des gants et lavez vous les mains à chaque fois que vous effectuez une manipulation.
→ Pour obtenir des asticots, la durée dépendra du moment où la mouche va venir pondre. Par la suite, les asticots se nourriront de la viande et grandiront, seuls. La durée varie entre 3 et 8 jours.
Séchez bien le seau, versez la farine de maïs, reposez le couvercle dont vous aurez obturé le trou avec un morceau de tape. Secouez le seau plusieurs fois et récupérez la farine de maïs. Cela va permettre de dégraisser les parois et le couvercle du seau et ainsi d'éviter d'avantage que les asticots ne grimpent.
Dans l'ordre:
Déposez dans le fond 1 cm de flocons d'avoine ou de sciure afin d'absorber l'humidité et le rance, produits par les asticots et la décomposition de la viande.
Déposez 3 feuilles de journal sur les flocons d'avoine au milieu du seau
Déposez la viande au milieu de la feuille de journal
Vérifiez chaque jour, voire deux fois par jour par grande chaleur si vous apercevez des grappes de petits œufs blancs allongés ou des mini-larves d'asticots.
Le lendemain, refermez le papier-journal autour de la viande avec un élastique.
Après 3 ou 4 jours, vous devriez profiter de centaines d'asticots (des "gros blancs" du détaillant de pêche, venant de la mouche bleue)
Pour les récolter, déposez le tamis sur un autre récipient et versez le contenu dans le tamis en prenant soin de libérer les derniers occupants des feuilles de papier journal.
Débarrassez-vous des restes carnés et des feuilles de journal ainsi que des flocons d'avoine ou de la sciure (compostables).
Nettoyez le matériel pour la suite.
Mais alors, je n'aurai que des asticots blancs?
La couleur naturelle des asticots est le blanc et si vous voulez d'autres couleurs, il faudra teinter leur nourriture. C'est de loin la solution la plus durable par rapport aux teintures artificielles et superficielles.
Même si vous trouvez des poudres pour les teinter, ces couleurs - dont on n'a pas encore évalué la toxicité, si toxicité il y a - ne dureront pas.
Les pinkies et les asticots rouges ont longtemps été teintés par un produit - la Chrysodine - qui n'est plus autorisé (c'est une substance cancérigène qui a l'avantage (pour la pêche) de ne teinter que la peau mais qui a déjà provoqué des cas de cancer chez l'homme. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs, ils sont interdits aux Pays-Bas).
Le Sudan Red semble être la nouvelle solution. C'est un colorant utilisé à l'origine pour teinter la nourriture mais on en trouve aussi comme colorant pour les tatouages ainsi que dans les teintures pour cheveux.
Néanmoins, des produits de coloration fluo existent bien et semblent efficaces et simples à mettre en place, les Starbaits Fluoro Ink par exemple https://starbaits.co.uk/product/fluoro-ink/ Ils existent en jaune, orange, rose et blanc. Ils sont en tous cas suffisamment effectifs pour que les mains, elles aussi prennent cette couleur sans protection adaptée (ce qui n'est peut-être pas aussi bien que ça, finalement)
On peut obtenir des jaune/bronze en ajoutant du curcuma à la viande et dans les asticots par la suite.
Les asticots peuvent aussi être aromatisés dans une certaine mesure. La technique est assez pénible et chronophage. Pour arriver à un résultat probant, il faut les saupoudrer deux fois par jours tout en les faisant suer et en le refroidissant pour qu'ils ne maturent pas trop vite. Et les nettoyer des déchets, du surplus d'arôme et des asticots morts ou castérisés.Le goût Scoppex est indéniablement efficace.
La durée de vie de la larve et la durée pour obtenir une aromatisation correcte sont fort proches mais possible.
Il faut avouer que tremper ses esches dans un produit de type GOO reste la solution la plus simple, ce sont des produits visqueux qui enveloppent les appâts (pellets, maïs, ...). Soit en les y trempant soit en déposant le produit directement sur l'esche.
Les Adrenaline Plasma Additive donnent la possibilité de colorer et d'aromatiser en même temps. https://www.middytackle.com/product.php?ProductID=5681